mercredi 12 novembre 2008

Les abysses, les vagues et le sel

Ressac sur des galets - Près du Cap de Bonne Espérance - Afrique du Sud 2006

Merci à Sheumas pour ce rappel des merveilleux vers de Charles Baudelaire dans son commentaire d'avant hier. Restons sur le thème "maritime". Je lis en ce moment un délicieux roman ' L'ombre des voyageuses" (un titre à multiples entrées....) ; l'écriture est très particulière (un peu "à l'ancienne" mais très forte...) Voici un paragraphe pour illustrer notre thème, puisque l'héroïne, gardienne de chèvres en Lorraine, découvre pour la première fois la Mer au terme d'un périple à travers la France au 18ème siècle ; extrait de ses impressions :

« La mer est de couleur aussi changeante que le ciel. La mer aussi a ses nuages. Selon le moment du jour et la lumière. Cela va des sombres attirances de gouffres, devinés sous l’écume qui se défait des crêtes tordues, à ces verdeurs liquides plus dures que du métal sans cesse affûtées aux lents ressacs toujours recommencés avec une patience, une obstination jamais vues autre part ».
L’ombre des voyageuses, Pierre Pelot

Finalement, cette mer changeante, ces sombres gouffres comme les lents ressacs ou les raies de lumière ne sont il pas simplement à l'image de notre vie ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu le sais, j'ai toujours été attiré par les romans maritimes de Hugo. J'y voyais bien plus que le Hugo traditionnel, pair de France et grand-père à la barbe fleurie, chantre de la République. Une seule phrase sur l'océan pour renvoyer à toute son oeuvre phare (sous-marin!) : "le rêve est l'aquarium de la nuit". Le héros des Travailleurs de la mer est confronté pendant des semaines à ce rêve-là...

Anonyme a dit…

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Anonyme a dit…

Merci aussi à Frère pour ce rappel délicieux de ce beau poeme d'Arthur Rimbaud.
Je dois dire qu'à moi aussi manquent les "langueurs des lames"...